Enquête de l’IPI sur de métier de syndic

Le CRI n°471 - Février 2023
Enquête de l’IPI sur de métier de syndic

Le 8 décembre dernier, des représentants du Syndicat National des Propriétaires et des Copropriétaires et de l’IPI (Institut des Professionnels des agents Immobiliers) se sont rencontrés. L’objectif pour le SNPC était de prendre connaissance de l’étude réalisée sur le métier de syndic et de ses conclusions.

Interpelé par la pénurie grandissante de syndics, l’IPI a décidé de mener en 2022 une enquête d’envergure sur le métier de syndic afin de comprendre ce qui décourage les acteurs de la professions et ce qui freine ceux qui pourraient y venir. Cette enquête a été menée auprès de 1872 participants, syndics (actifs), stagiaires syndics, membres IPI n’exerçant plus le métier de syndic, employés d’un syndic, étudiants en immobilier…

Si les enseignements sont nombreux, il nous semble essentiel de souligner certains d’entre eux et d’attirer l’attention des copropriétaires sur ceux-ci.

Les raisons du découragement et de la démotivation

Si 64% des répondants se disent satisfaits de leur travail et que 80% affirment que leur travail a du sens à leur yeux, on se laissera surtout interpeler par un chiffre moins optimiste. En effet, près de la moitié (47%) des syndics disent avoir déjà pensé à quitter la profession. Cela est inquiétant au vu de la pénurie actuelle.

Si ce nombre est inquiétant, notamment au vu de la pénurie actuelle, l’enquête dévoile quelques raisons qui les a menés à cette réflexion.

Un déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée

Selon 58% des participants, le métier de syndic est tellement énergivore et chronophage qu’il impacte négativement leur vie privée. La tenue en soirée des assemblées générales au sein des copropriétés n’est sans doute pas étrangère à ce ressenti.

Les copropriétaires : un manque de connaissance et de reconnaissance

D’après les résultats, 72% des répondants ont déjà dû composer avec des problèmes autres que ceux liés à leur mission de syndic. Un pourcentage qui démontre une méconnaissance du rôle et des compétences du syndic. En outre, 74% des participants pensent que le rôle du syndic n’est pas connu par la société de manière générale tandis que 81% d’entre eux estiment que le métier de syndic souffre d’une image négative auprès de la population. Par ailleurs, les personnes ayant participé à l’enquête soulèvent également un manque de reconnaissance de la part des copropriétaires, sachant que seule la moitié d’entre eux considère qu’elle est respectée par les copropriétaires alors que 38% sont complètement en désaccord avec l’affirmation ”Selon moi, mon travail est reconnu et apprécié par les copropriétaires”.

Une rémunération inadéquate

A côté des facteurs psychologiques et émotionnels, l’enquête met également en exergue un sentiment d’insatisfaction voire de mécontentement à l’égard de la rémunération. Ainsi, 58% des participants sont complètement en désaccord avec la phrase ”Mon salaire correspond à mon investissement dans le travail” tandis que 19% restent neutres et que seuls 23% sont d’accord avec cette affirmation.

L’importance du facteur stress

Des proportions importantes de répondants indiquent des problèmes de stress ou de burnout : 71% se sentent régulièrement stressés, 58% épuisés physiquement et 47% épuisés émotionnellement. Le stress somatique est un peu moins fréquent avec 47% indiquant ressentir régulièrement des tensions musculaires et 36% des maux de tête. Enfin, 42% mentionnent être régulièrement impliqués dans des querelles ou conflits avec des clients. Bien que l’enquête soit focalisée sur les problématiques rencontrées par les syndics, elle dégage également des aspects positifs du métier qui apportent beaucoup de satisfaction à nos confrères. Notons notamment l’autonomie et le soutien social des collègues, avec respectivement 75% qui jugent avoir une influence sur ce qu’ils font au travail tandis que 67% reconnaissent l’aide et le soutien apportés par leur(s) collègue(s).

Une prise de conscience nécessaire des copropriétaires

Si le SNPC a très souvent fustigé l’attitude de certains syndics, il a aussi régulièrement répété que la plupart des syndics font très bien leur travail. Les mettre tous dans le même panier serait faire un mauvais procès.

Aussi il est important que les copropriétaires soient conscients qu’on ne peut pas vouloir le beurre et l’argent du beurre et qu’il faut pouvoir combiner ses attentes et exigences avec un respect du syndic.

On peut citer par exemple le débat sur l’heure de tenue des assemblées générales en soulignant qu’une AG peut parfaitement se tenir en journée.

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On peut plus encore attirer l’attention sur la méconnaissance de bon nombre de copropriétaires du rôle et des compétences du syndic et plus encore de la loi sur la copropriété. Combien de fois par exemple ne sont-ils pas appelés pour résoudre un problème privatif de fuite de robinet alors que cela n’est pas du tout leur prérogative ? Il faut pouvoir accepter qu’un syndic ne donne pas suite à une demande qui n’est pas de son ressort.

Pour terminer, on peut insister sur le fait qu’un travail de qualité se paie. Particulièrement dans un contexte d’inflation, les copropriétés doivent être conscientes que les coûts liés au travail du syndic vont augmenter et il faut l’accepter. On ne peut pas exiger un travail de qualité et demander de travailler pour rien, qui plus est dans un contexte de pénurie.

Le SNPC a d’ailleurs régulièrement dénoncé certaines pratiques de syndics qui annoncent un prix d’appel plancher en rognant sur les services mais qui se rattrapent ensuite par d’autres frais avec pour conséquence que les copropriétaires se sentent grugés.

Quid de l’avenir ?

Après avoir analysé les résultats de cette enquête menée, l’IPI a décidé de passer à l’élaboration d’un plan d’action qui s’articulera autour de trois piliers majeurs :

  • inciter les syndics actuels à continuer à exercer leur profession ;

  • susciter des vocations en attirant de nouveaux syndics ;

  • renforcer la communication autour de ce métier auprès du consommateur, lequel doit être mieux informé quant au rôle du syndic et l’étendue de ses compétences.

Nous espérons que ce plan d’action sera suivi de résultats, dans l’intérêt du monde de la copropriété dans son ensemble.

Cet article n'est valide qu'à la date où il a été publié.
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