Président du Syndicat National des Propriétaires et Copropriétaires (SNPC) depuis 2013, Olivier Hamal revient sur près de 40 ans d’engagement au service des propriétaires.
Dans cette Pause Café, il évoque les grands combats du syndicat, les défis à venir et les mentalités à faire évoluer pour que la propriété reste un pilier de la société.
Olivier Hamal, bonjour, et merci d’avoir accepté cette Pause Café avec les lecteurs du magazine Le Cri. Pour commencer, pouvez-vous nous dire comment vous buvez votre café ?
Je le bois avec du lait et un sucre, et toujours bien chaud ! C’est mon petit rituel du matin avant de commencer la journée. J’en profite souvent pour parcourir la presse et me mettre à jour sur l’actualité politique et économique. C’est à la fois un moment de détente et de concentration.
Vous êtes président du SNPC depuis 2013. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager dans cette voie ?
Cela remonte loin ! J’ai rejoint le SNPC en 1985, il y a bientôt quarante ans. Mon engagement a évolué au fil du temps et s’est renforcé, jusqu’à devenir vice-président national, puis président en 2013.
Ce qui m’a motivé ? Une vraie volonté de servir une cause essentielle : la défense de la propriété immobilière. Et plus largement, la défense du patrimoine au sens large du terme. C’est une question de liberté individuelle, mais aussi de responsabilité collective. C’est en tout cas ce fil rouge qui guide mon engagement depuis 1985 et plus encore depuis que je préside notre association.
Le SNPC fête ses 50 ans. En un demi-siècle, quels ont été les grands combats du syndicat ? Au 21ème siècle, la propriété est-elle à ce point menacée qu’elle doive être défendue ?
À sa création, dans les années 70, le SNPC s’est formé pour réagir à une série de mesures gouvernementales qui visaient à encadrer fortement les baux et limitaient l’indexation des loyers. Depuis, de législature en législature, les propriétaires ont souvent vu leurs droits restreints.
C’est pour cela que notre action reste indispensable : nous menons à la fois un travail politique et de lobbying, pour défendre les droits des propriétaires et copropriétaires, et un rôle d’accompagnement, notamment via nos services juridiques, dont nos membres ont grand besoin.
Et oui, la propriété est toujours menacée ! On l’a vu récemment à Bruxelles, avec des textes qui réduisent encore les droits des bailleurs. Ce mouvement pourrait d’ailleurs s’étendre à d’autres régions. C’est pourquoi il faut rester vigilants et combatifs.
Quel bilan tirez-vous de ces cinquante années ? Le SNPC a-t-il vraiment changé les choses ?
Je crois qu’on peut dire que le SNPC est devenu un acteur reconnu dans le paysage politique et institutionnel belge. Nous sommes régulièrement consultés lorsque des projets de lois touchant la propriété sont discutés, au niveau régional comme fédéral.
Sur le plan concret, nous avons surtout contribué à éviter la taxation des loyers réels. C’est une idée qui revient périodiquement, mais à chaque fois, notre lobbying a permis de convaincre le monde politique que ce n’était pas la bonne voie.
Sans un syndicat comme le nôtre, beaucoup de mesures défavorables aux propriétaires seraient passées sans résistance.
Pouvez-vous revenir sur le recours contre la non-indexation des loyers en Wallonie en 2017 ?
Oui. En 2017, la Région wallonne avait décidé d’empêcher l’indexation des loyers. Nous avons estimé que cette mesure était discriminatoire et avons introduit un recours devant la Cour constitutionnelle. Nous avons gagné !
C’est une victoire importante, car elle continue à bénéficier à tous les bailleurs wallons, même si beaucoup ne s’en rendent pas compte.
Pour donner une idée : l’annulation de ce saut d’index représente, depuis 2017, un gain de plus de 1000 euros pour un bailleur dont le loyer s’élève à 600 euros. C’est considérable !
Ces dernières années, le SNPC a introduit de nombreux recours mais les a souvent perdus. Sont-ils tout de même utiles ?
Absolument. Même lorsqu’un recours n’aboutit pas, il a un sens. Il marque notre opposition et empêche que des mesures injustes passent inaperçues.
Parfois, les arrêts de la Cour constitutionnelle contiennent d’ailleurs des éléments intéressants. Par exemple, en matière de moratoire sur les expulsions, la Cour a reconnu que, si ces moratoires pouvaient se justifier par des circonstances exceptionnelles comme la pandémie, un bailleur lésé pouvait ensuite demander réparation à la région concernée.
Donc oui, ces recours sont indispensables : ils posent des jalons pour la suite.
Quelle est, selon vous, la plus grande menace actuelle pour les propriétaires ?
C’est avant tout un problème de mentalité.
Trop de responsables politiques continuent à présenter les bailleurs comme des profiteurs, des spéculateurs, face à des locataires systématiquement perçus comme des victimes.
Cette vision manichéenne est non seulement fausse, mais elle empêche un dialogue équilibré. Les propriétaires sont des acteurs essentiels du logement : sans eux, il n’y a tout simplement pas de marché locatif.
La situation des propriétaires diffère-t-elle beaucoup entre Bruxelles, la Wallonie et la Flandre ?
Oui, il y a des différences notables. À Bruxelles, la proportion de locataires est beaucoup plus élevée qu’en Wallonie ou en Flandre. Cela explique pourquoi les politiques y sont souvent plus orientées vers la protection du locataire.
Mais attention : dire que Bruxelles est un enfer locatif serait exagéré. Quand on compare avec d’autres capitales européennes – Paris, Berlin, Londres – les loyers y restent bien plus raisonnables.
Et c’est en grande partie grâce à la multitude de petits bailleurs belges qui assurent une offre locative diversifiée et accessible.
Vous avez dit un jour qu’ « acheter en copropriété, c’est un peu comme rentrer dans les ordres ». Pourquoi cette formule ?
(Rires) C’est une image, bien sûr, mais elle traduit une réalité. Beaucoup de nouveaux copropriétaires pensent qu’ils achètent simplement un logement privatif, sans réaliser qu’ils intègrent une collectivité.
La vie en copropriété implique des règles, une gestion commune, un intérêt collectif qui prime parfois sur l’intérêt individuel.
Chaque copropriété a ses statuts, qui font un peu office de « Constitution ». Il faut les respecter et accepter de « jouer collectif » …parfois au détriment de son intérêt individuel immédiat. Ce n’est pas toujours simple !
Quels sont aujourd’hui les grands enjeux pour les copropriétaires ?
La loi sur la copropriété date de 1994, a été réformée en 2010, puis encore adaptée en 2018-2019. Il reste des points à améliorer, par exemple faciliter les décisions de rénovation énergétique avec des majorités plus simples.
Mais le vrai défi est aussi sociologique : faire évoluer les mentalités. Il faut que les copropriétaires comprennent qu’ils ne vivent pas seuls dans leur immeuble.
Et puis, il y a une difficulté institutionnelle : la loi est fédérale, alors que le logement relève des régions. Cette dichotomie complique les choses.
Justement, la rénovation est un enjeu majeur pour tous les propriétaires, pas seulement en copropriété.
Exactement. Les obligations de rénovation énergétique concernent tout le monde, y compris les propriétaires occupants.
Pour atteindre les objectifs de 2050 en matière d’économie d’énergie et de réduction du CO₂, il faut une véritable mobilisation collective.
Rappelons qu’en Wallonie et en Flandre, environ 70 % des logements sont occupés par leurs propriétaires. Leur implication est donc essentielle.
Quels sont les défis du SNPC pour les prochaines années ?
Nous devons poursuivre notre double mission : le lobbying politique d’une part, et les services aux membres d’autre part.
Sur le plan syndical, nous continuons à agir, notamment avec un nouveau recours introduit contre les mesures bruxelloises sur les grilles indicatives de loyers et les commissions paritaires locatives.
Et puis, il faut aussi moderniser nos services. Nous préparons par exemple un chatbot pour répondre rapidement aux questions courantes de nos membres, avant une prise en charge plus approfondie par nos juristes. Nous développons aussi un outil de baux en ligne et des outils de gestion plus modernes.
Bref, nous voulons être un syndicat du XXIᵉ siècle !
Un dernier mot pour vos membres ?
Oui. Plus nous serons nombreux, plus notre voix portera !
Le SNPC, c’est à la fois une structure de défense et un service concret. Pour continuer à offrir un accompagnement utile, nous avons besoin de forces vives.
J’invite donc tous les propriétaires et copropriétaires à rester membres, à parler du SNPC autour d’eux, et à nous rejoindre pour renforcer notre action commune.