PEB : estimation théorique de la consommation d’énergie d’un logement. Quid de la réalité ?

Le CRI n°482 - Mars 2024
PEB : estimation théorique de la consommation d’énergie d’un logement. Quid de la réalité ?

Le certificat de performance énergétique (PEB) est une modélisation simplifiée de la consommation d’énergie (chauffage et eau chaude) d’un logement.

Ce modèle simplifié a des avantages et des inconvénients...

Côté avantages

  • Il permet assez rapidement de donner une estimation de la consommation d’un logement ;

  • Il donne une estimation qui est indépendante de l’utilisation réelle par l’occupant. La raison est qu’un occupant peut se chauffer à 19 degrés, un autre à 23 degrés ou un occupant peut utiliser beaucoup d’eau chaude et un autre très peu ce qui donnerait des consommations réelles très différentes. Cette approche indépendante de l’utilisation réelle est intéressante pour comparer des logements entre eux lors d’un achat ou d’une location.

Côté inconvénients

  • La modélisation simplifiée ne donne pas un résultat précis : elle ne tient pas compte des ponts thermiques (sauf pour les bâtiments neufs ou assimilés à neuf où le certificat est beaucoup plus précis), elle simplifie l’encodage et donc le résultat est moins précis ;

  • Le propriétaire doit soumettre toutes les preuves : par exemple, un toit isolé ne sera encodé comme isolé que si le propriétaire peut en apporter la preuve (facture, photos, etc.) ;

  • Le certificateur doit réaliser son travail rapidement et peut commettre des erreurs : il risque de prendre, par facilité, des valeurs par défaut qui sont pénalisantes, de faire des erreurs de mesures, de ne pas tout constater lors de sa visite. Il en résulte que le certificat émis contient des erreurs. Et parfois, il y a des certificats faussés volontairement pour faire plaisir à un client même si ces pratiques sont en diminution. Le propriétaire doit donc contrôler ce travail dans son intérêt ;

  • La modélisation est différente par région : par exemple à Bruxelles, la surface d’un appartement sous toiture qui a une hauteur inférieure à 1,50 mètres n’est pas prise en compte alors qu’en Wallonie, la règle est de 2,10 mètres ;

  • La modélisation s’est améliorée et a évolué au cours du temps, elle n’est plus la même qu’il y a dix ans. Quand vous renouvelez un certificat après 10 ans, vous risquez d’avoir des résultats différents entre la version initiale et la nouvelle version.

Il en résulte que la consommation indiquée sur le certificat PEB peut être très différente de la consommation réelle de l’occupant.

Deux études ont été réalisées sur le sujet, l’une en Flandre, l’autre en France et les constatations sont sur certains points très similaires.

En Flandre, l’étude réalisée par l’université de Gand portant sur 122.680 maisons unifamiliales indique, pour les maisons classées F (il n’y a pas de G en Flandre), que la consommation réelle est 2,5 fois plus faible que la consommation théorique.

En France, l’étude du Conseil d’Activité Economique portant sur 178.110 logements indique deux choses :

  1. Pour un logement classé G, la consommation réelle est 2,5 à 3 fois plus faible que la consommation théorique (ce qui est tout à fait en ligne avec l’étude de l’Université de Gand),

  2. Pour un logement classé G, la consommation ne serait que 87% supérieure à la consommation d’un logement classé A ou B.

Les deux études montrent aussi que plus le certificat est bon (A, B ou C), plus la modélisation est proche de la consommation réelle.

Il y a quelques approximations, hypothèses dans ces études (exemple : en France, ils ont pris les données de consommation en euros sur les comptes bancaires en supprimant toutes les consommations au-dessus de 365 euros par mois pendant la période de flambée des prix de l’énergie). Cependant, avec une quantité de plus de 100.000 logements, ces deux études effectuées par des organismes réputés ont une forte légitimité d’autant plus qu’elles arrivent à des constatations similaires.

En simplifiant on peut dire :

  • Le rapport de consommation réelle entre un logement classé F ou G et un logement classé A ou B, d’après les études, n’est qu’un rapport de deux alors que sur base des certificats, le rapport de consommation modélisé est de quatre.

Les études font l’hypothèse d’effets comportementaux :

  • Quelqu’un qui habite dans un logement mal isolé ne chauffe pas toutes les pièces, diminue la température pour baisser sa facture,

  • Quelqu’un qui habite dans un logement bien isolé s’habillera moins chaudement, chauffera plus et fera moins d’efforts pour diminuer sa consommation.

Ceci serait une des explications de la moindre différence de consommation.

A cela il faut ajouter :

  • Une partie des logements sont classés F ou G en raison du manque de preuves et de l’encodage de valeurs par défaut : ceci, les études ne peuvent pas en prendre compte ;

  • Pour les studios, la production d’eau chaude sanitaire pèse beaucoup dans le PEB qui est calculé par m2 de surface. Même très bien isolé, leur PEB peut rester mauvais même si ce n’est pas justifié.

Conclusion

  1. Le certificat PEB est une estimation utile et simplifiée de la consommation d’un logement, mais plus le PEB est élevé (E, F et G), plus la consommation réelle sera basse par rapport à la consommation théorique du certificat (d’après les deux études),

  2. Le certificat PEB a beaucoup de défauts (modèle théorique simplifié, erreurs d’encodage humaines du certificateur, erreurs dues au manque de preuves, différences de calcul entre régions, évolution du calcul au cours du temps) qui en font un modèle imprécis ;

  3. L’ajustement comportemental est une bonne chose : faire des efforts raisonnables pour moins consommer est une attitude responsable et économique. Dans la même logique, pour un propriétaire, isoler le logement est une attitude responsable et souvent financièrement rentable (sujet qui sera développé dans un des prochains CRI).

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