Copropriété : comment choisir un conseil vraiment représentatif ?

Le CRI n°498 - Novembre 2025
Copropriété : comment choisir un conseil vraiment représentatif ?

Dans les immeubles à appartements, la vie en copropriété n’est pas qu’une affaire de charges ou d’assemblées générales interminables. C’est aussi, et surtout, une question de gouvernance. En Belgique, le conseil de copropriété joue un rôle pivot entre le syndic et les copropriétaires. Mais comment le constituer sans créer de tensions ? Quels critères privilégier, et jusqu’où vont ses pouvoirs ? Derrière ces questions, c’est toute la démocratie interne d’un immeuble qui se dessine.

Le cadre belge : entre obligation légale et souplesse démocratique

La copropriété, c’est un peu une petite république à étages. Avec ses règles, son exécutif – le syndic –, son parlement – l’assemblée générale – et, entre les deux, un organe de contrôle : le conseil de copropriété. Celui-ci n’est pas une invention récente, mais il a pris une importance croissante ces dernières années, à mesure que la vie en immeuble s’est complexifiée. Entre rénovations énergétiques, travaux d’entretien et nouvelles obligations administratives, les copropriétaires ont besoin d’un relais qui suive les dossiers de près et veille à la bonne exécution des décisions. Son fonctionnement est régi par l’article 3.90 du Code Civil.

En Belgique, la loi distingue selon la taille de la copropriété. Dans les immeubles de plus de vingt lots privatifs (hors garages et caves), la création d’un conseil est obligatoire. En deçà, elle reste facultative, mais rien n’empêche une petite copropriété d’en constituer un si l’assemblée générale le décide. Beaucoup le font, par souci de transparence et de proximité. C’est souvent le cas dans les immeubles d’une dizaine d’appartements, où quelques propriétaires volontaires prennent le temps de vérifier les devis, de suivre les travaux ou de dialoguer avec le syndic.

La loi, étonnamment, reste discrète sur la composition du conseil. Aucun nombre fixe de membres n’est imposé : tout dépend des statuts ou des décisions de l’assemblée générale. Dans certains immeubles, ils ne sont que deux ; dans d’autres, cinq ou six. L’important, c’est que tous les membres soient titulaires d’un droit réel – copropriétaire, usufruitier ou superficiaire – et non de simples locataires ou proches. Cette règle évite que des personnes extérieures influencent la gestion d’un bien en copropriété.

Le mode d’élection est, lui aussi, marqué par une certaine souplesse. Chaque candidat doit être élu à la majorité absolue (50 % + 1 des voix présentes ou représentées). Si le nombre de membres n’est pas fixé, tous les candidats qui atteignent cette majorité peuvent siéger. Cette flexibilité permet d’adapter la taille du conseil à la réalité du terrain, mais elle peut aussi, dans certains cas, créer des situations inattendues : un conseil qui change du tout au tout d’une année à l’autre, ou un déséquilibre entre copropriétaires plus ou moins actifs.

Le mandat, enfin, est limité à un an, renouvelable à chaque assemblée générale. Cette durée, souvent jugée trop courte, a pourtant un sens : elle garantit un contrôle démocratique permanent. Un membre inactif ou partial peut être remplacé sans drame. À l’inverse, un bon conseiller sera reconduit naturellement, année après année, par la confiance de ses pairs. C’est l’esprit d’une démocratie vivante, même à l’échelle d’un immeuble.

Un rôle d’équilibre et de vigilance, au cœur de la gestion collective

La mission du conseil de copropriété, c’est avant tout celle de contrôleur. Il ne dirige pas, il ne gère pas, mais il observe, vérifie et rend compte. Sa fonction principale est de surveiller l’action du syndic : vérifier que les factures correspondent aux travaux réalisés, que les contrats d’entretien sont correctement appliqués, que les décisions votées en assemblée sont effectivement exécutées. En somme, il joue le rôle d’un contrepoids sain, garantissant que la gestion du patrimoine commun reste conforme à la volonté collective.

Ce rôle de surveillance s’accompagne d’une responsabilité croissante. Les conseils de copropriété doivent aujourd’hui rendre un rapport annuel à l’assemblée générale, résumant leurs constats, leurs interventions et, parfois, leurs recommandations. Dans les copropriétés les plus organisées, ce rapport devient un véritable outil de communication interne : un bulletin semestriel, une note d’information envoyée à tous les copropriétaires, voire une réunion informelle avant l’AG. Cette transparence améliore la participation et réduit les tensions.

Mais attention : si la loi autorise l’assemblée générale à déléguer certains pouvoirs supplémentaires au conseil, ces délégations doivent être strictement encadrées. Cette délégation doit avant tout être votée avec une majorité des 2/3 des voix et doit être renouvelée chaque année. On peut par exemple lui confier la supervision d’un chantier ou la sélection d’un prestataire, mais pas la gestion financière ou la signature de contrats engageant la copropriété sans contrôle. En d’autres termes, le conseil peut aider, conseiller, suivre, mais il ne peut jamais remplacer l’assemblée ni le syndic. En d’autres termes, la délégation de pouvoir ne peut jamais vider de sa substance la souveraineté de l’assemblée générale.

À travers ces mécanismes, le conseil devient un acteur discret, mais indispensable de la bonne gouvernance collective. Il représente la vigilance ordinaire, celle qui évite les dérapages de gestion, les factures non contrôlées ou les décisions arbitraires. Mais il incarne aussi une forme d’engagement citoyen à l’échelle du voisinage : un espace où l’on apprend à décider ensemble, à contrôler sans méfiance et à collaborer pour le bien commun.

Les clés d’un bon conseil : compétences, équilibre et modernité

Idéalement, un conseil équilibré réunit trois qualités essentielles : la compétence, la disponibilité et la neutralité. La compétence n’implique pas d’être expert en droit ou en gestion immobilière, mais de comprendre les enjeux et de poser les bonnes questions. La disponibilité est cruciale, car les réunions sont fréquentes et les urgences, parfois imprévisibles. Enfin, la neutralité est indispensable : un membre du conseil représente l’ensemble des copropriétaires, pas ses seuls intérêts personnels.

Dans les copropriétés plus complexes, la recherche de diversité devient un atout : jeunes propriétaires, résidents anciens, occupants permanents ou investisseurs devraient y être représentés. Trop souvent, le conseil est accaparé par un petit groupe historique, ce qui nourrit frustrations et désengagement. Mettre en place un roulement partiel des membres chaque année aide à maintenir une dynamique et à ouvrir la gestion à de nouveaux visages.

Autre tendance marquante : la digitalisation. De plus en plus de syndics mettent à disposition des plateformes en ligne où les membres du conseil peuvent suivre les dépenses en temps réel, consulter les contrats ou valider certains devis. Ce contrôle partagé, rendu possible par la technologie, réduit la suspicion et renforce la collaboration. Certaines copropriétés utilisent même des outils numériques pour signaler les incidents, suivre les interventions ou archiver les décisions. C’est la copropriété 2.0 : plus participative, plus transparente, et mieux organisée.

Pour autant, la dimension humaine reste essentielle. Le conseil joue souvent un rôle de médiateur : il apaise les tensions, favorise le dialogue et rappelle que vivre en communauté suppose de composer avec les autres. Ce n’est pas la loi qui règle tout, mais la capacité à dialoguer, à comprendre les contraintes de chacun et à chercher ensemble des solutions.

Cette implication demande du temps et un minimum de connaissance juridique. Être membre d’un conseil, c’est exercer une responsabilité réelle. Comprendre la législation, les règles de quorum, les pouvoirs du syndic ou les modalités de délégation est indispensable pour éviter les erreurs.

Le Syndicat National des Propriétaires et Copropriétaires (SNPC) accompagne activement les membres de conseils de copropriété et les syndics bénévoles. Le SNPC met à disposition :

• des formations adaptées à la pratique de la copropriété ;

• des conseils juridiques personnalisés pour les membres confrontés à des situations concrètes ;

• et la brochure “Devenir syndic bénévole avec le SNPC”, un guide complet qui aide à exercer ce rôle avec rigueur et sérénité.

En soutenant les copropriétaires dans leurs démarches, le SNPC contribue à une gestion plus responsable, plus éclairée et plus harmonieuse de la vie en copropriété.

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Conclusion : la démocratie des étages

Choisir les membres du conseil de copropriété n’est pas une formalité administrative : c’est un acte démocratique à part entière. C’est lui qui garantit la transparence, la cohérence et la continuité dans la gestion d’un immeuble.

Le conseil de copropriété incarne la démocratie du quotidien. Il montre qu’il est possible de décider ensemble, d’exercer un contrôle bienveillant et d’entretenir un patrimoine commun avec intelligence collective. Ce modèle de gestion partagée, ancré dans le droit belge, fonctionne d’autant mieux qu’il s’appuie sur des copropriétaires informés, formés et solidaires.

Et c’est précisément le rôle que le SNPC s’attache à remplir : informer, former, conseiller et défendre ceux qui s’engagent au service de leur immeuble. Car bien gérer une copropriété, ce n’est pas seulement entretenir des murs : c’est entretenir la confiance entre voisins. Une confiance qui se construit, année après année, autour d’un conseil bien choisi et d’une gouvernance éclairée.

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